Ateliers Rouvrir le Monde Association p@je

N’terichai, tchêpo, respect, sabaari, rigoler.

Voilà comment les jeunes de la MECS de la Maison Nôtre Dame (association P@je) se définissent lors d’un exercice d’écriture convoquant lexique et personnalité.
La langue maternelle dans le sac de voyage, des images plein la tête et des histoires à raconter, nous avons passé une semaine ensemble, dans les hauteurs de Carros Village pour vivre un atelier autour de l’identité et du langage, deux entités qui correspondent sans cesse. Des langues rencontrées lors de leur périple aux langues qui les ont construit… Nous avons interrogé l’évolution et l’effet de ces dernières dans l’esprit et le cœur.

Au cours d’un exercice et pour apprendre à se connaître, Les jeunes transforment leur prénom en mots du quotidien. Peu importe la langue, l’idée c’est de transmettre une émotion, un sentiment, qu’il soit en bambara, en peulh, en wolof, ou en français.
Micro en main, kiffeurs de rap pour certains, chanteurs confirmés pour d’autres, ils finissent par discuter entre eux des mots et leur sens :

Moussa, Aboubakar…

Kpèllé
Malinké
Kissi
Russe
Italien
Anglais
Espagnol
Wolof
Lingala
Français
Peulh
Arabe
Bambara
Pachto

Il y a tant de langues que de manières de décrire le monde chez ces jeunes, et tous les modes d’expression possibles étaient interpellés lors de l’atelier.
Plus tard nous avons travaillé sur la forme de l’écriture en composant des textes aux langues plurielles. Présentés en fin d’atelier comme des dessins, ces longs cadavres exquis linguistiques ont permis à des langues qui s’ignorent de cohabiter sur la même page. L’espagnol, l’arabe le pachto et l’italien dansaient alors main dans la main sur l’A4 perforé.

Voici quelques enregistrement audio de ces jeux d’écriture multi-langage :

Parfois, pour expliquer le contexte une traduction s’impose. Mohammed qui parle l’italien et le malinké nous explique les différentes « manières de dire » en traduisant le tout en français.

Puis individuellement, tout le monde s’est mis à raconter des choses plus personnelles. Laurent, bien plus fan de basket que de foot ; très concentré par ce qu’il est en train de produire, régale alors toute l’assistance de son nouveau texte : Une famille de mots.

Laurent, Moussa

C’est sur la voix de Yaya que l’atelier s’achève en faisant danser tout le monde dans le son de cigales et la densité de la chaleur estivale. Merci infiniment à l’association P@je ainsi qu’aux éducateurs de la maison Notre-Dame de Carros village de m’avoir accueilli et permis de mener à bien cet atelier ; merci à l’association Imagé clé pour son intégration au programme rouvrir le monde. Merci à la Drac PACA ainsi qu’à toutes les incroyables jeunes personnes que j’ai pu rencontrer lors de cet atelier.


La suite, c’est la création d’une série d’œuvres inspirées de la célèbre Pierre de Rosette avec une finalité de projet sculptural : une série de stèles en ciment comportant les textes-dessins des jeunes gravés au laser. La série serait présentée lors d’une exposition dans le centre d’accueil, agrémentée d’une série d’enregistrements effectués lors des ateliers en amont. Une partie en accord avec le centre y seraient exposés de manière permanente.
La Pierre de Rosette est un puissant symbole de traduction et de rencontre entre les peuples. Les sculptures laissées à la maison Notre-Dame témoigneraient de ces moments passés ensemble, tout en mettant à l’honneur l’échange des langues et la découverte de mots comme des trésors migratoires.
Modélisés en 3D par Julien Robinson, voici à quoi ces pièces devront ressembler :

Pour en savoir plus, Sophie Brignoli nous présente dans l’enregistrement qui suit la Maison Notre-Dame située à Carros Village.

MERCI !

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kentrobinson

plasticien, typographe, sérigraphe, graphiste

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